Le signe linguistique (signe 2) part.2

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2. Syntagme

En grammaire moderne, on appelle syntagme (ou groupe), l'unité syntaxique plus ou moins complexe située entre la limite supérieure de la syntaxe, constituée par la phrase, et la limite inférieure, constituée par la catégorie simple (unité de base indissociable, ou élément terminal).

 

2.1. Généralités sur le syntagme

Un syntagme est un ensemble de mots formant une seule unité catégorielle et fonctionnelle, constituant une unité sémantique, mais dont chaque constituant, parce que dissociable(contrairement au mot composé), conserve sa signification et sa syntaxe propres. Un syntagme constitue donc une association occasionnelle, libre, alors que le mot composé est uneassociation permanente (lorsqu'un syntagme se fige, il devient un composé détaché, soit une locution).

 

Les éléments constitutifs d'un syntagme donné peuvent être de nouveaux syntagmes de niveau inférieur (des sous-syntagmes), structurés à l'instar du syntagme qui les englobe. À son tour, chacun de ces sous-syntagmes pourra le cas échéant, contenir d'autres syntagmes hiérarchiquement subalternes (des sous-sous-syntagmes, en somme), et ainsi de suite.

 

En conséquence, quel que soit le niveau d'un syntagme donné, celui-ci peut virtuellement être inclus dans un syntagme de niveau supérieur (principe de regroupement), mais peut aussi bien inclure un syntagme de niveau inférieur (principe de division) :

Il a acheté une modeste maison de briques rouges.

Le syntagme « une modeste maison de briques rouges » est englobé dans le syntagme supérieur, c'est-à-dire, la phrase complète. Mais ce même syntagme « une modeste maison de briques rouges » inclut parmi ses éléments, le syntagme inférieur « de briques rouges », complément du nom « maison ».

 

Ce double principe de regroupement et de division (soit, le principe d'inclusion) et cette identité de structure font du syntagme le véritable constituant syntaxique de la phrase.

Le syntagme possède l'unité catégorielle et fonctionnelle du mot indivisible. Une analyse du syntagme s'opèrera donc en trois temps :

- trouver son unité catégorielle (syntagme nominal, syntagme verbal, etc.) ;

- trouver son unité fonctionnelle (de quelle unité supérieure il dépend, et quelle est sa fonction précise) ;

- trouver ses constituants, à savoir, son noyau (qui hérite de sa nature et de sa fonction) et ses satellites (unités inférieures incluses dans lui).

Syntagme grammatical et syntagme sémantique[modifier]

On a longtemps connu de la syntagmatique que les syntagmes grammaticaux qui sont largement développés dans cet article.

Il faut mentionner une nouvelle approche en matière de syntagme qui est la notion de syntagme sémantique. Dans cette notion, on regroupe avec le noyau du syntagme grammatical toutes les précisions qui se réfèrent au concept porteur du noyau du syntagme.

 

Ainsi un syntagme nominal dans l'exemple suivant est "un pantalon et une chemise parfaitement repassés" un pantalon est un syntagme grammatical, mais du point de vue sémantique le sens général de cette expression est "ses habits parfaitement repassés" on perçoit bien dans ce cas que parmi les éléments du langage ce qui est important du point de vue sémantique est l'expression "parfaitement repassés". Le fait qu'il s'agisse d'une chemise et d'un pantalon est une précision.

 

On a notamment besoin de ce concept pour appliquer les transformations de Chomsky, parce que des syntagmes grammaticaux nominaux doivent être manipulés avec le verbe qui les dirige au travers de prépositions.

 

Ainsi cet exemple tiré de l'industrie automobile:

VPP = "Recevant"

SN2 = "le message Can n°233 manquant incluant le compteur de message d'ouverture des portes"

VP = "est utilisé pour le besoin de resynchronisation par"

SN1 = "le Système"

 

On a une équivalence entre forme active et forme passive qui se formule par

<VPP><SN2><VP><SN1> <SN1><VP><VPP><SN2>

 

L'application de cette transformation avec la découpe en syntagmes sémantique donne

SN1 = "Le système"

VP = "utilise pour le besoin de resynchronisation"

VPP = "le fait de recevoir"

SN2 = "le message Can n°233 manquant incluant le compteur de message d'ouverture des portes."

 

Cet exemple illustre le fait que le syntagme verbal VP n'a de sens que très pauvre s'il n'est pas amendé par "le besoin" qui n'obtient tout son sens que complété par "de resynchronisation".

 

Éléments constitutifs du syntagme

Les éléments constitutifs du syntagme sont: d'une part le noyau, d'autre part un ou plusieurs satellites.

 

Un syntagme réduit à son seul noyau, c'est-à-dire sans aucun satellite, n'est plus vraiment un syntagme mais une catégorie isolée. Il est cependant possible (et parfois, pratique) de considérer qu'une unité isolée (nompronomverbeadverbeadjectif qualificatif) est un syntagme à élément unique. En d'autres termes, « tout syntagme peut contenir de zéro à plusieurs satellites ».

 

 

 

 

Noyau du syntagme

Le noyau (ou chef de groupe, ou support) est l'élément central d'un syntagme. Le noyau transmet toujours sa catégorie et sa fonction au syntagme dont il est le composant principal.

Le noyau d'un syntagme peut être une catégorie de base (mot simple ou mot composé), mais également un syntagme, c'est-à-dire, un sous-syntagme par rapport au syntagme de référence :

Une chemise en velours déchirée.

Dans ce syntagme nominal, le noyau est « chemise en velours », ce dernier étant lui-même un syntagme, ayant pour noyau le nom « chemise ».

 

Lorsque deux noyaux (ou davantage) sont présents dans un même syntagme, appartenant à la même catégorie et ayant la même fonction, ils sont dits parallèles. Deux noyaux parallèles sont, soit juxtaposés (c'est-à-dire, littéralement mis l'un à côté de l'autre), soit coordonnés, c'est-à-dire, reliés par un ou plusieurs coordonnants :

Il porte toujours un pantalon et une chemise parfaitement repassés.

Dans le syntagme nominal « un pantalon et une chemise parfaitement repassés », le noyau est double, constitué des syntagmes nominaux « un pantalon » et « une chemise », syntagmes coordonnés. L'unique satellite de ce syntagme est le syntagme adjectival « parfaitement repassés », épithète du double noyau.

 

Satellites du syntagme

Dans un syntagme, un satellite est un composant dépendant du noyau de ce syntagme.

À la place du mot satellite, certains grammairiens préfèrent parler d'expansion, de subordonné (avec un sens très général), ou encore, de complément (mais ce dernier terme pose un problème, puisqu'il est déjà employé en grammaire traditionnelle avec un sens précis).

Contrairement au noyau, tous les satellites d'un syntagme, sans exception, quelle que soit leur taille et leur aspect, peuvent appartenir à n'importe quelle catégorie (nom, article, conjonction…) :

Quel spectacle émouvant !

 

Le nom « spectacle » est le noyau de ce syntagme nominal. Les satellites en sont : l'adjectif exclamatif « quel » et l'adjectif qualificatif « émouvant ».

Jacques a aimablement invité Nathalie.

 

Le verbe « a invité » est le noyau de cette proposition (ou groupe verbal). Les satellites en sont : les deux noms propres « Jacques » (sujet du verbe) et « Nathalie » (C.O.D. du verbe), et l'adverbe « aimablement ».

 

Tout satellite peut donc être une catégorie ordinaire (mot simple ou mot composé), mais également un syntagme, c'est-à-dire, un sous-syntagme par rapport au syntagme de référence :

Une chemise bon marché.

 

Le nom « chemise » est le noyau de ce syntagme nominal. Les satellites sont : l'article indéfini « une » (mot simple) et l'adjectif qualificatif « bon marché » (locution adjectivale).

La voiture que j'ai achetée.

Le nom « voiture » est le noyau de ce syntagme nominal. Les satellites sont : l'article défini « la » (mot simple) et le syntagme verbal « que j'ai achetée » (proposition subordonnée relative).

 

Un même mot peut être noyau de plusieurs syntagmes concentriques :

Un gentil petit chat.

 

Ce syntagme nominal a pour noyau, non pas le nom « chat », mais le syntagme nominal « petit chat », ce dernier étant à son tour composé d'un noyau (le nom « chat ») et d'un satellite (l'adjectif qualificatif épithète « petit »).

 

À l'instar de ce qui ce passe pour le noyau, lorsque deux satellites (ou davantage) d'un même syntagme appartiennent à la même catégorie et ont la même fonction, ils sont ditsparallèles. Deux satellites parallèles sont dits coordonnés s'ils sont réunis par un mot-outil (un coordonnant), et juxtaposés (c'est-à-dire, littéralement mis l'un à côté de l'autre), dans le cas contraire :

Tu as mangé de la salade, une pizza achetée au marché, des cerises que mon voisin m'a offertes.

 

Les trois syntagmes « de la salade », « une pizza achetée au marché », et « des cerises que mon voisin m'a offertes », sont des satellites parallèles juxtaposés ; tous les trois sont des syntagmes nominaux, et leur fonction est C.O.D. du noyau verbal « as mangé ».

 

Le voisin dont je t'ai parlé et qui m'a offert des cerises, aimerait te rencontrer.

 

Les deux syntagmes verbaux « dont je t'ai parlé » et « qui m'a offert des cerises », sont des satellites parallèles coordonnés (reliés par la conjonction de coordination « et »); tous les deux sont des propositions subordonnées relatives, et leur fonction est complément de l'antécédent « le voisin ».

 

Différents types de syntagmes

Seul un mot plein (ou à la rigueur, un pronom) peut être le noyau d'un syntagme, donc, selon la catégorie du noyau, on pourra distinguer seulement quelques types de syntagmes.

 

Syntagme nominal

Un syntagme nominal est un syntagme dont le noyau est un nom :

Le petit chien blanc de mon voisin a aboyé toute la nuit.

Le syntagme nominal « Le petit chien blanc de mon voisin » a pour noyau le nom chien.

Le courrier électronique est probablement le service le plus utilisé par les internautes.

Le syntagme nominal « le service le plus utilisé par les internautes » a pour noyau le nom service.

 

Syntagme pronominal

Un syntagme pronominal est un syntagme dont le noyau est un pronom :

A midi, nous avons mangé quelque chose de bon.

Le syntagme pronominal « quelque chose de bon » a pour noyau le pronom « quelque chose ».

 

Syntagme adjectival

Un syntagme adjectival est un syntagme dont le noyau est un adjectif qualificatif :

[J'ai un jardin] tout plein de roses odorantes.

Le syntagme adjectival « tout plein de roses odorantes » a pour noyau l'adjectif qualificatif « plein ».

 

Syntagme adverbial

Un syntagme adverbial est un syntagme dont le noyau est un adverbe :

Ils ont dû payer une amende conformément à la loi.

Le syntagme adverbial « conformément à la loi » a pour noyau l'adverbe « conformément ».

 

Syntagme verbal

Un syntagme verbal est un syntagme dont le noyau est un verbe. En conséquence, le syntagme verbal correspond, selon le cas, à une proposition ou bien à une phrase :

Il a travaillé courageusement toute la fin de semaine.

Le syntagme verbal « Il a travaillé courageusement toute la fin de semaine » a pour noyau le verbe « a travaillé ».

Lorsque le noyau d'un syntagme verbal est un verbe non conjugué, on peut préciser, selon le mode du verbe noyau : groupe infinitif, groupe participe présent ou groupe participe passé.

 

Syntagme propositionnel

Par extension, on admettra que, conformément à la définition du syntagme, les propositions, parties de phrases représentant les propositions de type sémantique des éléments constitutifs du discours, soient désignées par l’expression syntagme propositionnel1. La notion de syntagme propositionnel est nécessaire pour les travaux portant sur la cohérence du langage naturel.

 

3. Paradigme

En linguistique, le paradigme est l'ensemble des formes différentes que peut prendre un mot, notamment dans les langues flexionnelles. Un paradigme désigne à la fois une classe de mots pouvant être utilisés pour un syntagme particulier et chacun des éléments d'une classe ; il constitue une liste virtuelle de formes pouvant prendre place à un certain endroit de la chaîne parlée ou énoncé. Ainsi, le paradigme du verbe être au présent de l'indicatif est : suis, es, est, sommes, êtes, sont.

On l'oppose communément au syntagme, dans le cadre de l'opposition entre axe paradigmatique et axe syntagmatique. Le premier axe concerne le choix des mots eux-mêmes, le second le choix de leur placement dans l'énoncé. Par exemple, tout mot de la classe des verbes peut prendre place dans un syntagme verbal (axe paradigmatique), mais aucunsubstantif ne peut occuper la place d'un verbe (axe syntagmatique).

Illustration : soit l'énoncé « Passons, passons puisque tout passe » (Guillaume Apollinaire, « Cors de chasse », Alcools) : l'énoncé « Dormons, dormons puisque tout dort » s'obtient par une modification paradigmatique tandis que « Puisque tout passe, passons, passons » est le résultat d'une modification sur l'axe syntagmatique.

Au sens traditionnel du terme, un paradigme est l'ensemble caractéristique des formes fléchies d'un morphème lexical. Ainsi, dans une langue à cas, le nom, le pronom, l'adjectif prennent, selon le genre, le nombre, la personne qui leur sont propres et les rapports qu'ils ont aux autres éléments de la phrase, des désinences particulières : on dit qu'ils se déclinent. Le paradigme de la première déclinaison latine est l'ensemble des formes casuelles de rosa. De même les verbes, selon la personne, le mode, le temps, la voix et parfois l'aspect, sont affectés de désinences : ils se conjuguent. Le paradigme du présent de l'indicatif actif des verbes latins en -are est l'ensemble des formes amo, amas, amat, amamus, amatis, amant.

Avec la linguistique structurale, le mot prend son sens moderne : L. T. Hjelmslev semble avoir été le premier à remplacer les termes d'associatif, de série ou de famille, de groupe, de groupement associatif qu'on rencontrait chez F. de Saussure par, respectivement, paradigmatique et paradigme. C'est dans les chapitres V et VI de son Cours de linguistique générale que Saussure parlait de groupes de termes liés par « associations d'idées » (« enseigner », « enseignement », « éducation », « jugement » constituent une ou plutôt plusieurs séries de ce type, de même origine). Quelque fondamentale que fût cette notion, elle n'en reposait pas moins sur un critère trop vague pour pouvoir fonder une taxinomie ; aussi les linguistes ont-ils cherché un principe de classement fondé sur le rôle des unités à l'intérieur de la langue, autrement dit à faire dépendre les relations paradigmatiques des relations syntagmatiques. On dira donc que deux unités u et u′ appartiennent à un même paradigme si et seulement si elles sont substituables dans un même syntagme, c'est-à-dire s'il existe deux syntagmes vuw et vu′w ; le paradigme de u est alors défini comme l'ensemble des unités qui auraient pu apparaître à sa place. Ainsi « belle » et « perfide » appartiennent au même paradigme

Publié dans Cours de Linguistique

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